« La
neutralité du Net ou la neutralité du réseau est un principe devant garantir
l'égalité de traitement de tous les flux de données sur Internet. Ce principe
exclut par exemple toute discrimination à l'égard de la source, de la
destination ou du contenu de l'information transmise sur le réseau. »[1]
Avec cette loi,
Donald Trump a donné le plein pouvoir à un organe peu démocratique, composé de
bureaucrates élus par son administration. Ce principe de ‘neutralité du net’
avait jusqu’à présent été protégé par l’ancien président des US.
Les fournisseurs
de réseaux aux Etats Unis vont à présent pouvoir contrôler la durée que prend
une page web pour démarrer, la vitesse d’un téléchargement ou les sites
auxquels on a accès en fonction du montant de son abonnement.
La fin de cette
neutralité, ça veut dire que les ISP (Internet Services Providers) pourront
exiger un montant plus élevé pour accéder à des sites qui demandent un
chargement de flux plus important. Contrairement à certaines rumeurs parues sur
des sites d’actualité, il y a peu de chances que ce soient de grandes
plateformes qui soient touchées par ces restrictions. Mais ça risque de diminuer la marche de manœuvre des
nouvelles plateformes arrivant sur le marché.
Les personnes les
plus touchées par cette législation sont celles qui sont déjà en position de
faiblesse dans la société américaine : les personnes vivant en région
rurale, les femmes et les minorités. Car leur accès à Internet risque d’être
amoindri : soit à cause de limites géographiques, soit pour des raisons
financières.
La fin de la neutralité : un coup
de frein pour l’organisation politique ?
L’élection de
Trump aux Etats Unis a marqué au fer rouge la polarisation des Etats Unis.
Beaucoup d’études statistiques ont mises en avant la corrélation entre le
sexe/la classe/la race dans le vote pour l’un ou l’autre candidat lors des
précédentes élections.
Et sans grande
surprise, les femmes noires ont voté pour Hilary Clinton à plus de 90%.
Dans le pire des
scénarios, on peut d’ores et déjà supposer que l’accès à l’information qui intéresse
le public des femmes noires politiquement engagées ne soit pas facilité par ces
fournisseurs de réseaux.
On peut par exemple imaginer que cette loi pourrait avoir un impact sur la visibilité de certaines actions politiques telles que les hashtag #metoo ou #blacklivesmatter qui ne plaisent pas à l’agenda politique républicain.
Dans d’autres
pays, on a pu voir des gouvernements abuser de ce système. Par exemple, en
Egypte, durant le printemps arabe, le gouvernement avait censuré plusieurs
sites web. Et plus récemment, le président Erdogan a fait la même chose en
Turquie : en allant jusqu’à censurer Twitter.
On
sait que le black Twitter a déjà eu un impact dans les médias car les journaux ont tendance à relayer
certaines informations émanant du black Twitter. Les personnes populaires et
actives sur ce média social forment une petite bulle qui a un rôle de lobby
alternatif.
On peut notamment
prendre l’exemple du hashtag #OscarsoWhite qui se plaignait du manque de
représentativité dans les nominés aux Oscars. Ou alors la fameuse campagne
#blacklivesmatter qui a permis de mettre en avant les nombreux afro américains
tués lors de contrôles de polices.
Pour beaucoup de
personnes, avoir accès à une bulle d’information alternative et divergente est
nécessaire. Car cette “bulle filtrante” permet d’être au courant de toute une
série d’informations spécifiques, d’avoir un espace de discussion et de peser
dans le débat politique.
La fin de la
neutralité du net aux Etats Unis est une mauvaise nouvelle pour tous les
Américains mais je crains que ce soit une véritable catastrophe pour les
communautés marginalisées des Etats Unis.
Sources et pour aller plus loin :
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