Enfance et
extraversion..
Je suis une
personne de nature extravertie.
Depuis
petite, j'aime être entourée de gens et mes proches me donnent toujours le
sourire. Je suis née et j'ai grandi en Afrique, dans une famille où le
collectif est extrêmement important. J’ai appris que dans notre culture, il n’était
pas possible d'être heureux si ce bonheur n'était pas partagé.
Et pourtant, j’ai également appris à garder le
silence...
Plus jeune,
je me rappelle avoir souvent ressenti de la frustration lors de conversations
avec des personnes adultes. C’était à peine si j'étais invitée à table et on me
faisait clairement comprendre que je n'avais jamais mon mot à dire.
Petit à petit,
j'ai internalisé tout ça et j’ai pris l’habitude de ne pas attirer l’attention
des personnes plus âgées.
En
grandissant, je me suis rendue compte que me taire a été utile dans beaucoup de
situations. Par exemple, en secondaire, j’ai évité beaucoup de conflits avec
des professeurs qui pouvaient avoir des propos problématiques racistes ou
humiliants.
Me taire au travail..
Mais ce
silence est également extrêmement difficile à vivre à l'âge adulte.
Quand je suis
dans une réunion, j'ai du mal à exprimer mon opinion car je ne me sens pas légitime.
Et me taire ne veut pas dire que je n'en pense rien. Peut-être que mon opinion
peut être intéressante et utile. Je le sais et pourtant, c'est tellement plus
facile à dire qu'à faire.
Oser parler
est très dur pour moi et c'est extrêmement handicapant dans le monde du
travail. Dans un monde où les 'grandes gueules' ont souvent le dernier mot, il
est important de se montrer proactif, de se mettre en avant, de montrer son potentiel
pour prouver qu'on est meilleur que les autres. Difficile dans ce type
d'environnement, de garder le silence.
Je me
rappelle avoir eu cette onde de choc un jour en observant une jeune fille. Elle
devait avoir le même âge que moi, le même type de parcours. Pourtant, elle
adorait s'exprimer, se mettre en avant, prouver qu'elle valait la peine. Et je
l’ai enviée pour ça.
Let’s take a seat on
the table
Je me rends
compte que le militantisme a eu un impact positif sur toutes mes frustrations.
Je pense qu'inconsciemment, voir des gueulos, m'a toujours fait fantasmer.
Voilà enfin
un endroit où mes prises de paroles étaient vues comme positives. J'avais
l'impression d'être vue et traitée d’égal à égal dans ce milieu. Autant dans
les réunions face to face que sur le web.
Je pense
que ce n’est pas pour rien qu’autant de femmes noires s’expriment et créent des
espaces d’expression sur Twitter via des blogs ou des podcasts… Ces espaces sont
primordiales car nous sommes habituellement privées des sphères de discussions
et de prises de décisions. Comme Solange nous invite à le faire dans son album ‘a
seat on the table’, nous reprenons nos droits en prenant une place à table.
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