jeudi 10 mai 2012

Extrait des Monologues du vagin


"On ne peut pas aimer un vagin s'il l'on aime pas les poils. Beaucoup de gens n'aiment pas les poils.
Mon premier et unique mari détestait les poils. Il disait que c'était désagréable et sale. Il m'a obligée à ma raser. Mon vagin avait l'air bouffi et sans défense, comme celui d'une petite fille. Ca l'exitait.
Quand il me faisait l'amour, mon vagin ressentait ce que doit ressentir une barbe qui vient d'être rasée. Je le grattais, c'était à la fois bon, et douloureux. Comme quand on gratte un bouton de moustique.
J'avais plein d'horribles petits boutons rouges. J'ai refusé de continuer à me raser. Alors, mon mari m'a trompée. Nous avons fait une thérapie de couple, et là, il a dit qu'il allait voir ailleurs parce que je refusait de le satisfaire sexuellement. Que je ne voulais pas me raser le vagin. La thérapeute avait un accent allemand à couper au couteau et poussait des "ach" entre chaque phrase. "Ach", pour bien montrer son empathie. Elle m'a demandé pourquoi je ne voulais pas satisfaire sexuellement mon mari. Ach! Pourquoi je ne voulais pas me raser le vagin? Je lui ai dit que c'était très bizarre. Mais quand je
n'avais plus de poils, là, en bas, je me sentais toute petite, et que je ne pouvais m'empêcher de parler comme un bébé, et que ma peau était très irritée, au point que même les crèmes apaisantes n'y faisaient rien. Elle m'a répondu que le mariage n'était fait que de compromis. Je lui ai demandé si le fait de me raser le vagin empêcherait mon mari d'aller voir ailleurs, et si elle avait déjà eu beaucoup de cas comme ça avant. Elle m'a dit "ach" que les questions diluaient le processus. Qu'elle était sûre que c'était un bon début. Qu'il fallait que je me jette à l'eau.



Quand nous sommes rentrés à la maison, c'est mon mari qui m'a rasé le vagin. C'était une sorte de bonus à la thérapie. Il m'a fait quelques petites coupures, et il y avait un peu de sang dans la baignoire. Il n'a même pas remarqué, tellement il était heureux de me raser. Plus tard, quand il s'est serré contre moi, j'ai senti ses poils hérissés piquant mon vagin mis à nu. Il n'y avait plus de protection. Il n'y avait pas de matelas duveteux.



Alors j'ai compris que si les poils étaient là, il y avait une raison - ils sont comme les feuilles autour de la fleur, comme une pelouse qui entoure une maison. Pour aimer un vagin, on doit aimer les poils. Vous n'avez pas le choix, l'un ne va pas sans l'autre. En plus, mon mari a continué à me tromper."