jeudi 21 décembre 2017

Comment la fin de la neutralité du net risque de museler les voix des minorités ?




Alors la neutralité du net, qu’est-ce que c’est ?


« La neutralité du Net ou la neutralité du réseau est un principe devant garantir l'égalité de traitement de tous les flux de données sur Internet. Ce principe exclut par exemple toute discrimination à l'égard de la source, de la destination ou du contenu de l'information transmise sur le réseau. »[1]

Avec cette loi, Donald Trump a donné le plein pouvoir à un organe peu démocratique, composé de bureaucrates élus par son administration. Ce principe de ‘neutralité du net’ avait jusqu’à présent été protégé par l’ancien président des US.

Les fournisseurs de réseaux aux Etats Unis vont à présent pouvoir contrôler la durée que prend une page web pour démarrer, la vitesse d’un téléchargement ou les sites auxquels on a accès en fonction du montant de son abonnement. 

La fin de cette neutralité, ça veut dire que les ISP (Internet Services Providers) pourront exiger un montant plus élevé pour accéder à des sites qui demandent un chargement de flux plus important. Contrairement à certaines rumeurs parues sur des sites d’actualité, il y a peu de chances que ce soient de grandes plateformes qui soient touchées par ces restrictions. Mais  ça risque de diminuer la marche de manœuvre des nouvelles plateformes arrivant sur le marché.

Les personnes les plus touchées par cette législation sont celles qui sont déjà en position de faiblesse dans la société américaine : les personnes vivant en région rurale, les femmes et les minorités. Car leur accès à Internet risque d’être amoindri : soit à cause de limites géographiques, soit pour des raisons financières.

La fin de la neutralité : un coup de frein pour l’organisation politique ?

L’élection de Trump aux Etats Unis a marqué au fer rouge la polarisation des Etats Unis. Beaucoup d’études statistiques ont mises en avant la corrélation entre le sexe/la classe/la race dans le vote pour l’un ou l’autre candidat lors des précédentes élections.

Et sans grande surprise, les femmes noires ont voté pour Hilary Clinton à plus de 90%.

Dans le pire des scénarios, on peut d’ores et déjà supposer que l’accès à l’information qui intéresse le public des femmes noires politiquement engagées ne soit pas facilité par ces fournisseurs de réseaux.


On peut par exemple imaginer que cette loi pourrait avoir un impact sur la visibilité de certaines actions politiques telles que les hashtag #metoo ou #blacklivesmatter qui ne plaisent pas à l’agenda politique républicain.

Dans d’autres pays, on a pu voir des gouvernements abuser de ce système. Par exemple, en Egypte, durant le printemps arabe, le gouvernement avait censuré plusieurs sites web. Et plus récemment, le président Erdogan a fait la même chose en Turquie : en allant jusqu’à censurer Twitter.

On sait que le black Twitter a déjà eu un impact dans les médias car les journaux ont tendance à relayer certaines informations émanant du black Twitter. Les personnes populaires et actives sur ce média social forment une petite bulle qui a un rôle de lobby alternatif.

On peut notamment prendre l’exemple du hashtag #OscarsoWhite qui se plaignait du manque de représentativité dans les nominés aux Oscars. Ou alors la fameuse campagne #blacklivesmatter qui a permis de mettre en avant les nombreux afro américains tués lors de contrôles de polices.

Pour beaucoup de personnes, avoir accès à une bulle d’information alternative et divergente est nécessaire. Car cette “bulle filtrante” permet d’être au courant de toute une série d’informations spécifiques, d’avoir un espace de discussion et de peser dans le débat politique.

La fin de la neutralité du net aux Etats Unis est une mauvaise nouvelle pour tous les Américains mais je crains que ce soit une véritable catastrophe pour les communautés marginalisées des Etats Unis.

Sources et pour aller plus loin :