vendredi 8 janvier 2016

"Hutu ou Tutsi?" Et pourquoi ne jamais poser cette question....

Si il y a bien une question gênante à laquelle bon nombre de Rwandais ont dû répondre dans leur vie, c'est "tu es hutu ou tutsi?".
Cette question est loin d'être anodine. En plus d'être embarrassante, elle peut être blessante pour plusieurs raisons.
Dans cet article, je vais me concentrer sur les racines de cette séparation ethnique sans donner plus de détails sur les terribles atrocités qui en ont découlé. Si vous voulez des informations sur le génocide de 94, il y a énormément de ressources sur Internet.
Je vais également me concentrer sur le cas du Rwanda Rwanda pré-colonial même si aujourd'hui, c'est malheureusement le Burundi qui défraie la chronique. Il circule beaucoup d'idées reçues, de stéréotypes et de préjugés face à l'histoire du pays et j'avais envie de vous partager ce que j'ai appris grâce à mes recherches sur le sujet.


Quelques pré-requis à connaitre avant d'entrer dans le vif du sujet
Le Rwanda et le Burundi sont deux petits pays d'Afrique des Grands Lacs. Ils sont très souvent nommés pays jumeaux. Cette appellation vient du fait que les 2 pays se ressemblent à bien des égards.

  • L'environnement se ressemble beaucoup. Ils sont tous les 2 appelés : pays des 1000 collines
  • Le Kirundi d'un coté et le Kinyarwanda sont des langues assez similaires.
  • Durant les années d'occupation, les 2 pays n'en ont formé qu'un seul. C'était un protectorat belge le Ruanda-urundi...

Les similitudes ne s'arrêtent pas là. Cependant, ces 2 pays constituaient des royaumes bien distincts avant l'arrivée des Européens sur le territoire.
Princesse rwandaise 


Lorsque les premiers Européens arrivent au Rwanda, ils sont assez étonnés par son organisation. Le pays se distingue car c'est un royaume très structuré. Le pays est également densément peuplé grâce à ses terres fertiles.
Le racisme ordinaire de l'époque poussent les Européens à penser que la dynastie rwandaise ne soit pas bantou. Pour eux, les dirigeants du pays sont forcément d'origine hamite.

1) Classes sociales ou groupes ethniques

En fait, le concept de Hutu et de Tutsi était intrinsèquement lié au pouvoir et à la richesse des personnes. A l'époque pré-coloniale, ce n'était pas une notion intangible. En général, le Tutsi était le supérieur. Le Mwami (le roi) était vu comme le Tutsi tandis que les "chevaliers" du roi étaient vu comme les Hutus du roi. Mais vis-à-vis du peuple ordinaire, ils étaient vu comme des Tutsis parce qu'ils avaient la chance de travailler auprès du Mwami. Sur certains enregistrements de l'époque, on voit des Belges demander à quelqu'un: "mais comment savoir si tu es hutu ou tutsi? "
Et l'homme répond : "ah mais ce sont mes voisins les hutus, pas moi." Puis se raviser, "mais si vous posez leur posez la question, ils vont répondre que c'est moi le hutu"
Cette conversation montre bien les limites de ce concept. Mais l'importance de ces dénominations va va vite changer avec l'arrivée des Belges.

2) Un concept qui se lie à la race...

Les Belges ne sont pas à l'origine de la division mais ils ont ethnicisé le concept.
Les chefs de l'époque ont aussi joué un grand rôle dans ce processus. Vu qu'il n'y avait pas de sources écrites sur les origines du pays, les colons ont utilisé les mythes racontés par les chefs pour arriver à certaines conclusions. Difficile de démêler le vrai du faux lorsqu'on sait qu'à cette époque, les responsables politiques racontaient l'histoire qui les mettaient dans la position la plus confortable. Le système colonial a donc utilisé les mythes oraux pour renforcer ces distinctions.

Persuadés que les Tutsis étaient des noirs différents et supérieurs, les Belges se mettent à catégoriser chaque Rwandais pour lui définir une ethnie. En calculant la taille du nez, la forme de la tête et la couleur de peau. Ils utilisent des instruments (à la valeur scientifique douteuse) pour assigner à chacun une race.
Extrait du film: Do scars ever fade?

3) Double colonisation et Indirect rule

Il y avait une sorte de mythe du bon et du mauvais nègre. C'était assez classique au début du 19ème siècle. Le système colonial était basé sur la division entre les populations.
En plus de l'autorité coloniale, le pouvoir était confié à un certain groupe ethnique. Au Rwanda, il était compliqué d'appliquer ce principe car le pays était assez homogène. Les gens parlaient tous la même langue et avait une culture commune.
Les rois appartenant au groupe Tutsis (déjà au pouvoir dans la période pré-coloniale) ont continué à diriger le pays. Mais certains Tutsis (ceux désignés comme tel par le pouvoir colonial) ont reçu des avantages tels que l'accès à l'éducation. Ils ont reçu une place privilégié durant l'occupation belge contrairement à la majorité Hutu.
Victimes de racisme et exclus du pouvoir décisionnel, beaucoup de Hutus ont eu l'impression de vivre une double colonisation. C'est pour cette raison que lors de l'indépendance, les Belges ont été chassés et beaucoup de Tutsis ont également été chassés/tués.

4) Les Rwandais sont les premiers à faire circuler de l'intox sur le sujet

Avant le génocide de 94, l'ethnie de chaque Rwandais était précisé sur les cartes d'identités. Et beaucoup de Tutsis ont continué à être opprimé bien après la décolonisation. La plupart des Rwandais ont grandi avec ce concept en tête. Ils ont appris dans les livres d'histoires que les Tutsis sont différents et qu'ils sont originaires de la corne de l'Afrique.
Difficile de déconstruire ces idées, lorsqu'on a été éduqué avec de telles affirmations.

On a dit aux Tutsis qu'ils étaient des étrangers et on a dit aux Hutus qu'ils étaient inférieurs. Tout ceci a attisé de la colère et de la rancœur.


5) Des preuves scientifiques...
Aujourd'hui, les recherches prouvent que les distinctions entre ces 2 groupes sont des constructions purement sociales et n'ont rien à voir avec les races.

Alors bien sûr, je ne connais pas tout sur le sujet et mon article n'est pas exhaustif. Je vous invite à continuer vos recherches si le sujet vous intéresse. Et je finis par un extrait d'une chanson de Bob Marley que je trouve totalement pertinente.
"Emancipate yourself from mental slavery,
None but ourselves can free our mind."


*Avertissement : Ce n'est pas un article avec un quelconque agenda politique. (Le blog est évidemment apolitique) Ce n'est pas non plus un article scientifique. J'ai combiné mes recherches et mon opinion pour écrire l'article.

mardi 5 janvier 2016

La quête de savoir et la quête de sens...

Je commence l'année par une question et une réflexion qui est constante dans ma tête en ce moment...

"On est nombreux à tâtonner pour trouver du sens là où il n’y en a pas, une raison de sortir du lit le matin. A peu près au même moment que toi, j’ai pensé qu’il résidait un sens dans une soif de découverte qui m’a poussée à bouffer de la culture à outrance, quitte à m’y obliger les jours où la motivation n’y était pas. A chaque nouvelle pièce ou nouveau livre, j’ai l’impression de m’être lavé les yeux et de voir le monde d’un regard neuf. Parfois comme à toi, ça ne me parle pas. Mais je suis contente d’être passée par là mais en ce moment j’ai l’impression de retomber dans un sentiment de vacuité. 
En fait, découvrir tout ceci ne m’a pas fait avancer tant que ça. Et j’ai continué à tourner en rond mais avec quelques distractions en plus. Oui en fait c’est ça, je me mets à croire que la culture est juste une distraction de plus que certains placent au-dessus du jeu vidéo mais sans réel fondement à cette hiérarchie. (…) 

Au fond, pourquoi essayer d’en savoir plus sur le monde ? Ça n’a pas vraiment plus de sens que de rester coucher aujourd’hui. Est-ce qu’une somme de connaissances, le fait d’avoir découvert tous ces regards incarnés dans une œuvre d’art nous change réellement en profondeur ? "

Et vous, qu'en pensez-vous? 

J'ai découvert cette petite réflexion dans une vidéo de SolangeTeParle. C'est une artiste qui me parle vraiment en fait. 
A très bientôt !