mardi 22 janvier 2019

C'est la fin de blogger...

Il était grand temps que je change d'hébergeur de site... Je suis un peu triste de quitter Blogger mais je n'ai pas du tout confiance en l'avenir de ce site... Vous pourrez retrouver tous mes anciens articles et les nouveaux sur : https://marlytbn.wordpress.com/

mardi 15 janvier 2019

Les femmes noires sur Twitter : entre popularité et cyber-harcèlement





[En construction]

J'ai enfin eu l'occasion de créer une vidéo sur le sujet!

L'article suivra dès que possible...

samedi 8 décembre 2018

Zwarte Piet, ce rite d’initation au racisme

En Belgique, impossible de passer le mois de décembre sans voir Saint-Nicolas et son acolyte, le Père Fouettard.

Selon la légende, Père Fouettard (Zwarte Piet en néerlandais) est le serviteur de Saint-Nicolas... Il a deux rôles : l’aider à distribuer les cadeaux et punir les enfants turbulents !

Histoire et origines de Zwarte Piet...

Le personnage de Zwarte Piet atteste de la présence des Noirs en Europe. ('the reign of Afropeanism)

 L’idée que les Noirs arrivent en Europe après la colonisation est fausse. Les peintures des Primitifs flamands regorgent de personnages noires vivant en Flandre ou aux Pays-Bas. Dans ces fresques, les Noirs ne sont pas tous des esclaves, certains font partie d’un ordre de Chrétiens qui ont combattu les musulmans. L’idée que les seuls Noirs d'Europe sont les Maures, est fausse.  Les primitifs flamands ne sont pas les seuls à représenter des Noires :
  • Dominico Giovanni et son serviteur... 


Ce tableau est très connu mais les analyses plus récentes affirment que le titre n’est pas logique. La symétrie entre les deux personnages montre qu’ils sont sur un même pied d’égalité et il y a un air de famille entre ces deux personnes. Il s’agit clairement d’un père et de son fils.

  • Les Noirauds

« Les Noirauds font partie du folklore bruxellois depuis près de 140 ans. A l'origine, il s'agit d'un rassemblement de bourgeois bruxellois qui décident de collecter de l'argent pour sauver une crèche menacée de faillite. Pour préserver leur anonymat, ils se griment en notables africains, se teignant le visage en noir. A travers les années, la tradition a subsisté. » Source

Dans ce cas-ci, les personnes se griment en rois africains. Comme le personnage de Zwarte Piet, le costume est soigné et onéreux. Quand on regarde l’accoutrement de Zwarte Piet, on voit bien que c'est une personne bourgeoise. Il n'a rien d'un pauvre ou d'un esclave: il ne ressemble pas à un serviteur.

Dans tous les cas, la pratique du blackface apparaît à la fin du 18e siècle, lors de la création du racisme en Europe. A ce moment-là, les Noirs sont moqués et le noir devient synonyme de serviteur.
Les rites de blackface permettent de se moquer des Noirs... Et ces rites vont de paires avec la déshumanisation des Noirs.

A l'époque, beaucoup de Noirs présents en Europe sont transformés en « serviteur », « esclave » : ils sont tués, rejetés, envoyés aux Etats-Unis pour devenir esclave dans le cadre du commerce triangulaire.

Il est important de comprendre; quel est l'intérêt de cacher la présence de ces personnes noires en Europe ? Et en quoi la pratique du blackface continue à porter préjudice aux personnes noires d’Europe ?

Le racisme a de multiples facettes et notamment : la perpétuation de traditions, l’occultation de certains faits historiques et la désinformation.

Rite d’initiation au racisme...

Pour Mireille Tsheusi Robert, la figure de Zwarte Piet est un rite d'initiation au racisme en Belgique...

Dans cet article, je vais vous partager mes notes prises lors de la conférence sur Zwarte Piet à l’ULB, fin 2016..

"La figure de Père fouettard renvoie à la vision coloniale qu'on a des afrodescendants... Saint-Nicolas existe dans 44 pays dans le monde et la majorité des pays n'a pas cette 2e figure noire."

Mireille Tsheusi est chercheuse associative. Elle a fait une étude avec l’ASBL Change afin de déterminer l’influence de Père Fouettard sur les enfants africains. 70 enfants d'origine africaine de 3 à 9 ans ont été interrogés.

"Dans les discours des enfants, 4 stéréotypes attribués aux Africains sont revenus lorsqu'on leur demandait de décrire le Père Fouettard:

1.     il est méchant

2.     il est paresseux

3.     il est servile

4.     il est divertissant (amusant, drôle, il sait danser...)

Tous les ans, on va faire cette fête : on répète les mêmes gestes avec les mêmes acteurs. Ce culte est doublement efficace car à cette âge-là, on est fort impacté par les images. Il n'y personne qui trouve ça anormal. C’est pour ça qu’il est important d’instaurer des ruptures dès maintenant et de ne pas laisser les enfants se laisser avoir dans ces rites racistes. On apprend aux enfants le mépris et la discrimination de façon très implicite. Quand on connait la situation dans laquelle les afrodescendant.e.s se trouvent en Belgique, on se rend compte que ce type d'initiation a des conséquences tangibles dans nos vies...



La contestation s’organise....En Belgique aussi !

« Queen Nikkolah est une performance qui questionne les limites de race et de genre de la tradition de Saint-Nicolas. Il s’agit d’approfondir le débat sur la perpétuation des schémas coloniaux inhérent à cette tradition et leurs effets sur l’imaginaire de l’enfant. Alors que la question est souvent portée sur la noirceur de Père Fouettard / Zwarte Piet, je la déplace pour questionner la blancheur et le genre même de Saint-Nicolas, comme éléments tout aussi déterminant dans l’apprentissage inconscient du privilège (ou désa- vantage) racial et de genre dans l’enfance. Qui est bon? Qui est violent? Qui travaille pour qui? Cette action artistique promeut une vision du patrimoine culturel, non comme un concept figé, mais comme s’adaptant aux mouvements de l’Histoire pour assurer sa longévité. La tradition de Saint-Nicolas a déjà montré des adaptations autour du personnage de Zwarte Piet; une lente déracialisation (années 50, il est noir parce que africain, années 90 parce qu’il a de la suie sur le visage), d’une image d’asservissement à une image de divertissement, etc. Queen Nikkolah propose une future adaptation d’une société avec une réelle égalité des chances. La performance présente le personnage de Queen Nikkolah, une version féminine et noire de Saint-Nicolas, dans les mêmes conditions de démonstration que les Saint-Nicolas déguisés en période de fête: Il s’agit d’un acte simple qui peut être aussi bien accueilli que rejeté mais permet une première déconstruction des schémas hérités. Il offre également l’occasion aux enfants racisés ou non de célébrer l’esssence même de la tradition: leur faire plaisir! » Descrpiton de l'evènement

Son spectacle est une belle manière de profiter de cette fête avec la résilience qui collent si bien à la peau des afrodescendants.

Sources et pour en savoir plus :